Les bons outils

On cite souvent comme proverbe une phrase que j’ai mis très longtemps à comprendre ou plutôt à accepter.

Aux bons ouvriers, les bons outils !

Dicton français

En cherchant sur internet, j’ai trouvé d’autres formulations et notamment celle-ci.

Les bons outils font les bons ouvriers.

Ce qui n’est pas vraiment plus convainquant.

La version “Aux bons ouvriers, les bons outils !” laisse à penser qu’on donne les meilleurs outils aux meilleurs ouvriers et que les autres doivent se débrouiller avec des outils de moindre qualité. Il y aurait là une certaine injustice du type “on ne prête qu’aux riches” or, pour ce que j’en connais, les relations entre ouvriers ne sont pas vraiment de ce genre.

Quant à la seconde formulation “Les bons outils font les bons ouvriers”, voici qui me paraît un argumentaire de marchand d’outils qui veut vous faire croire qu’avec les outils qu’il vous vendra, il fera de vous un bon ouvrier. S’il suffisait d’acheter un bon outil pour devenir un bon ouvrier, cela se saurait. Après trente ans d’achats de nombreux outils de travail du bois, je devrais être un expert.

Avec les années, je me suis mis à fabriquer mes propres outils et en voici le dernier exemple : un banc à planer.

C’est le parfait complément de la plane. Pour bien finir une cheville de charpente ou un manche d’outil, il est irremplaçable.

En anglais, on parle de ‘shaving horse’, littéralement ‘le cheval qui rase’, il fallait y penser. Les traducteurs automatiques s’y perdent.

Ce banc à planer est l’exemple type de l’outil qui me paraissait superflu. Je croyais pouvoir le remplacer par une simple presse d’établi ou un étau. C’est ce que pensent ceux qui n’en ont jamais utilisé. Pas une semaine sans que je m’y asseye.

Revenons à notre proverbe. Si on inverse la seconde formulation, on approche de la vérité. “Les bons ouvriers font les bons outils”. En effet tout bon ouvrier s’emploie à se doter de bons outils. Lorsqu’on voit un ouvrier travaillant avec des outils de qualité, bien à sa main et adaptés aux tâches à réaliser, alors on peut en déduire qu’on a toute chance d’avoir à affaire à un bon ouvrier. C’est ainsi que je comprends “Aux bons ouvriers, les bons outils !”.

J’ai un jour rencontré un vieux maréchal-ferrant. Il m’a raconté que lorsqu’il a commencé à travailler comme apprenti, on lui a demandé de fabriquer la paire de pinces qui lui permettrait de manipuler ses fers au feu. Si la paire de pinces était réussie, on gardait l’apprenti. À quatre-vingts ans, ce ferronnier travaillait toujours avec sa même paire de pinces.

Voici quelques outils que j’ai fabriqués. Certes on peut les trouver dans le commerce mais pas dans tous les magasins de bricolage et pas toujours à un prix abordable. Alors on ne boude pas le plaisir de les fabriquer au moment où le besoin se fait sentir.

À droite, vous voyez un départoir, et sa mailloche tournée dans une pièce de houx. Le départoir sert à fendre des pièces de bois dans le sens du fil. La mailloche sert à frapper sur la lame du départoir pour la faire pénétrer entre les fibres du bois. Le choix d’un bois très dur comme le houx s’avère pertinent. Je n’ai pas encore utilisé vraiment ces outils mais je projette de refaire prochainement un toit en bardeaux de châtaigner et ils me seront fort utiles.

Ensuite, vous voyez sur la photo un maillet de charpentier réalisé en récupérant un manche de pioche et en assemblant des pièces de hêtre. Pour poser un bardage ou un parquet, il est parfait. Enfin le dernier outil à gauche est un maillet de sculpteur également tourné dans une pièce de houx. Une petite merveille pour travailler délicatement au ciseau à bois quand la seule force de la main ne suffit plus.

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